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L’onirisme : un langage à part entière


A. Pourquoi rêve-t-on ?

Michel Jouvet, chercheur, a dit dans un article : « Le rêve, cette activité cérébrale incontrôlée à laquelle l’homme passe près de 10 % de sa vie, n’a pas cessé de l’intriguer depuis les temps les plus reculés.(...) A soixante ans, un homme a passé près de cinq ans de son existence dans l’univers prodigieusement riche du rêve. Ces cinq années de vie imaginaire se sont écoulées par petites séquences serties au coeur de quinze années de sommeil sans rêve. (…) Dès l’aube de l’humanité, les dormeurs se sont étonnés du contenu de leurs rêves : comment un homme pouvait-il s’expliquer qu’il était en train de courir ou de voler au cours d’un rêve alors que tous les témoins lui assuraient que son corps endormi reposait immobile ? Jusqu’au XVllle siècle, on admit que le corps matériel subissait la "mort périodique " du sommeil, tandis que l’âme immatérielle lui échappait. Son état d’éveil et d’activité permanente se manifestait alors au cours du rêve, qui devait être un phénomène continu. (…) Il fallut attendre 1953 et le début travaux d’Eugen Aserinski et de Nathaniel Kleitman pour que l’étude du rêve fasse son entrée dans le domaine de la neurophysiologie.(...) »

Ainsi, il cantonne le rêve a l’une de ses notions les plus répandus : les rêves
nocturnes.
Le rêve intervient donc lorsque le rêveur est endormi, soit inconscient (L’inconscient est tout ce qui n’est pas conscient pour le sujet, ce qui échappe à la conscience). D’après des études la plupart des êtres humains font des rêves, mais tous ne s’en souviennent pas au réveil. On peut faire entre 4 et 7 rêves en une seule nuit, et on peut rêver en moyenne entre une et deux heures par nuit selon les phases de sommeil dans lesquelles on se trouve. Il en existe quatre différentes : l’endormissement, le sommeil léger, le sommeil profond, ainsi que le sommeil paradoxal. De brefs rêves peuvent déjà apparaître dans l’esprit inconscient du rêveur dés le stade du sommeil profond, mais ils surviennent réellement durant la dernière. Lorsqu’une personne est plongée dans un sommeil total, soit environ deux heures après la phase d’endormissement, on dit qu’elle est dans un sommeil paradoxal : si le corps est endormi, l’activité cérébrale quant à elle est aussi active que si le dormeur était éveillé. Ainsi, c’est durant cette phase que les rêves seront non seulement marquants pour le rêveur, mais aussi plus longs. En fin de compte dans une nuit on passe généralement par quatre ou cinq cycles de quatre-vingt-dix minutes alternant sommeil et rêve. Bon nombre d’études ont été faites sur le sujet, et si dormir permet de se reposer et récupérer, le rôle du rêve dans le sommeil reste un mystère.
Nous savons qu’ils surviennent suite à une activité du cerveau durant une phase d’endormissement profond, où le subconscient de l’homme inconscient s’exprime.

Les images que l’on voit, les conversations que l’on a, et les sensations que l’on éprouve lorsqu’on rêve viennent de ce que nous avons vécu ou ressenti dans la vie réelle, récemment ou dans un passé lointain, et que nous avons mis de côté : avec des personnes, en lisant ou encore en regardant des films. Ainsi, très souvent il s’agit d’une intervention de la réalité dans le rêve.

B. L’onirisme : fruit de l’inconscience

« Pourquoi le langage des rêves n’est-il pas le langage de la conscience ?
Peut-être parce que le langage de l’inconscient existait avant le langage de la conscience. Peut-être parce que les archétypes des grands rêves dépassent nos mots de tous les jours. Peut-être parce que la richesse des symboles maîtrisés par notre inconscient permettent de toucher la conscience sans l’intermédiaire des mots justement, car si l’inconscient utilisait le langage de la conscience pour lui révéler ce qu’elle se cache, alors le refoulement se poursuivrait dans les rêves. » Olivier Groscaux, thérapeute et webmaster.

Jacques Lacan, psychiatre et psychanalyste, dit que le conscient se forme à partir de représentations de mots tandis que ce sont des phonèmes et des choses, qui concernent notre corps et qui sont souvent vécues avant la parole (soit durant l’enfance), qui forment l’inconscient. Il dit d’ailleurs que « l’inconscient est structuré comme un langage » ; il parle de signifiant psychanalytique, soit une trace laissée dans l’inconscient ; à ne pas confondre avec le signifiant de type linguistique où il s’agit d’un son ou bien d’une graphie. Cette trace peut être une odeur, une image, ou encore une cicatrice qui va renvoyer à un signifié, ici un souvenir.

L’onirisme est le langage inconscient relatif aux rêves ; on parle d’une vision, d’un univers onirique. D’après Sigmund Freud, le rêve outre passe le terme langage car dans le rêve il y a la voix ainsi que l’écriture, il compare donc en premier lieu le rêve par rapport aux hiéroglyphes puis par la suites aux idéogrammes de la langue chinoise car il s’agit d’une association de caractères dont on peut connaître le sens mais qu’il faut toujours interpréter. Ainsi, le rêve est « la voie royale de l’inconscient ». Sans le vouloir ou le contrôler, nous parlons dans notre sommeil une langue que nous ne connaissons pas et que nous ne pratiquons pas dans la vie ; Freud dit que le « sujet parlant est habité par une autre scène que laquelle il n’a pas de prise » soit le lointain intérieur, le subconscient (Le subconscient est un psychique dont on n’a pas conscience mais qui influe sur le comportement). On parlera de la troisième blessure narcissique après les révolutions copernicienne et darwinienne, il s’agit là de la révolution freudienne dont le noyau de la théorie est que l’être parlant n’est pas au centre de lui-même.

Cela peut renvoyer au mot d’esprit qui est souvent analysé dans la psychanalyse où, lorsque l’on se confie à un professionnel, on fait l’expérience d’un décentrement personnel car il ne s’agit pas d’une conversation ordinaire, on entend sa propre parole. L’objet d’étude du psychanalyste est le sens même du langage porté par son locuteur : ce qui ne va pas, ou bien ce qui va de travers. C’est l’opposé même du linguiste qui n’accorde aucune place au désir. Freud, quant à lui, parle d’un symbolisme sexuel des mots de la langue, et dit que chaque parole est porteuse de désir. Il en parle essentiellement afin d’illustrer sa pensée, et dit que le rêve peut être soit le fruit d’un désir profond, parfois inconscient, soit l’élément qui fait naître ce désir. Si l’on définit le désir dans la parole du sujet, dans son caractère inconscient et d’un point de vue psychanalyste, l’inconscience ainsi que le désir sont soumis à la parole parlée par le sujet à son insu, par les mots qu’il emploie, et de ce fait ils sont aussi soumis au signifiant du désir, ils sont assujettis. Sa parole étant révélée par des signifiants, les effets de sens lui échappe. Freud parle même, pour le rêve, d’une chimie du langage et d’une certaine magie de la parole ; la douleur est soulagée par la verbalisation. Les maux d’esprit, et les mots que l’on met dessus, ont pour effet de créer un trouble, une confusion, sur les éléments qui constituent l’énoncé. Ce qui explique pourquoi l’interprétation d’un rêve n’est jamais provisoire, c’est souvent un mot qui va nous la donner.

Nous pouvons finalement dire que le rêve, et l’onirisme plus précisément, est non seulement inconscient mais aussi un accomplissement de désir.
Ainsi, nous sommes amenés à nous demander, quelles formes de langage permet le rêve ?

EN CONCLUSION :

Si les rêves permettent d’accéder à un langage, cette langue est celle de l’inconscient et non celle de la conscience. Or quelle pourrait être la différence entre ces deux langages. Le désir répond Freud, la langue de l’onirisme étant structurée par le désir. Ainsi, la langue des rêves dévoile le sujet au-delà des mots, les rêves devenant la voie royale utilisée par la psychanalyse pour révéler le sujet à lui-même.




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