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Le langage permet-il le rêve ?


L’influence de la réalité sur le songe

Ce qui se passe dans la vie du rêveur, sa réalité, peut influencer ses rêves. Cela peut être un objet, une personne, un mot, une pensée, un événement … Tout et rien à la fois peut influencer la tournure d’un songe. Parfois, il arrive à certains rêveur de ne pas réussir à différencier rêve et réalité, si le songe semble trop réaliste, il est possible de ne pas savoir au réveil si cela s’est réellement passé ou non.

Nous pouvons prendre pour exemple une expérience personnelle afin d’illustrer ces propos. J’étais au téléphone avec ma mère, et je lui ai dit que je penser modifier mes projets et finalement partir à l’étranger des Septembre 2016, elle m’a répondu « si tu as l’argent, et si c’est ce que tu veux, vas-y ma fille, profite ! ». Aujourd’hui, je ne sais toujours pas si je l’ai rêvé ou si j’ai vécu cette scène téléphonique, lorsque j’ai demandé à ma mère elle n’a pas su me répondre car j’ai pensé à lui demander un mois après seulement, et nous avions eu d’autres conversations depuis. Quoi qu’il en soit, au moment de ce rêve réel ou bien de cette réalité rêvée, j’avais en tête de partir à l’étranger en Septembre prochain au lieu d’aller à Lyon poursuivre mes études, j’en avais parlé a des amis, il s’agissait vraiment du sujet du moment. S’il s’agit d’un rêve, ce dont je suis profondément convaincue, ce songe mettait en scène mon désir de partir et ma crainte d’en parler à mes parents ; la réaction de ma mère est celle dont j’espérais profondément. Voilà donc la mise en scène d’un sujet qui m’animait dans mon rêve ainsi influencé par la réalité, au point de ne plus nuancer les deux.

Par le biais de cette expérience nous pouvons voir que la parole a permis ici le rêve. Comme autre exemple, d’apparition d’éléments réels dans un songe, nous pouvons prendre celui qu’a fait une amie, Tiska, récemment : « Cette nuit j’ai rêvé que je partais en vacances des copains des Etats-Unis après notre stage. Nous sommes partis ensemble dans une voiture, mais ils m’ont déposé dans un village pour que j’y retrouve ma mère. J’ai marché longtemps le long d’une route de campagne, où j’ai fini par tomber sur un groupe d’hommes qui bavardaient de l’autre côté de la route. Je leur ai demandé mon chemin et j’ai constaté qu’il y avait un vélo non attaché à la barrière, j’ai donc décidé de le voler pour avancer plus vite. Je suis finalement arrivée là où je voulais aller mais au lieu de voir ma mère j’ai retrouvé mes amis ainsi que les trois enfants de la soeur de ma belle-mère, Raina. On m’a demandé de m’occuper d’eux. À trois reprises j’ai cru que la jeune mourait sous mes yeux parce que son frère a fait une imprudence et que je ne réagissait pas assez vite. À chaque fois l’enfant tombait d’une falaise et miraculeusement il s’en remettait sans égratignure, ou bien il se laissait emporter dans le courant et j’arrivais à le rattraper. Je stressais à chaque fois, quand j’essayais de le réanimer, j’essayais de lui faire du bouche à bouche ; jusqu’à ce qu’il réapparaisse en vie à côté de moi et que je m’aperçoive que c’est une poupée barbie que j’essayais de réanimer. Le reste du rêve est une discussion sans fin entre nous pour savoir si on rentre chez nous en avion ou en voiture. »

Afin de comprendre en quoi la réalité fait irruption ici, il faut savoir certains détails : Tiska a fait un stage l’année dernière aux Etats-Unis où sa mère, qui vit en Polynésie, l’a rejoint quelques temps. Après son stage, Tiska est partie à Nice pour enseigner, elle était hébergée chez la soeur de sa belle-mère et passait beaucoup de temps avec les trois enfants. Aujourd’hui Tiska est à Montpellier, sa mère en Polynésie, Raina et ses enfants à Nice ; nous n’avons pas cherché à analyser son rêve, d’une part parce qu’elle ne l’a pas demandé, d’autre part parce qu’il nous faudrait creuser plus en profondeur pour interpréter son rêve et ce n’est pas le but de ce dossier.

Nous pouvons prendre pour dernier exemple l’extrait du film français Iznogoud, où le
personnage éponyme rêve qu’il a tué le Calife Haroun el Poussah ; chose qu’il désire faire chaque jour de sa vie. Ainsi, l’influence de la réalité sur les rêves est connues de tous ; des éléments qui font partie de la réalité du rêveur peuvent surgir dans l’un de ses songes ; cela peut avoir du sens pour lui mais il est aussi possible qu’il n’en voit concrètement pas, ou bien qu’il ne le comprenne pas.

B. Le langage symbolique du rêve ; signe de spiritualité

« Un écrivain rêve ses personnages, mais à un certain moment ce sont les personnages qui mènent le bal et le surprennent. » de Sylvie Gendreau, dans l’article Quand Einstein rêvait rédigé en Février 2015.

Bon nombre d’auteurs ont fait du rêve et son champ notionnel, l’objet de leurs oeuvres. Ecrire sur le rêve demande une ouverture d’esprit la plus totale. Il faut savoir imaginer, et maîtriser chaque domaine du songe, chacune des notion de son champ. Ce qui explique la place de la littérature dans cette partie consacrée à la spiritualité.

Voici les neuf principales notions du rêves classées de la plus concrète à la plus abstraite : l’avenir, le souhait, l’espoir, l’idéologie, le fantasme, l’idéologie, l’utopie, l’imagination, le subconscient, ainsi que l’histoire narrée. Nous prendrons pour exemple littéraire Guy de Maupassant qui a écrit Le Horla en 1887. Dans son oeuvre il se consacre quasiment exclusivement à l’imaginaire ; à la parole du subconscient. Il met en scène un personnage qui se sent fiévreux et triste, à la fois physiquement et psychiquement, et qui remet en question sa vie en se demandant « d’où viennent ces influences mystérieuses qui changent en découragement notre bonheur et notre confiance en détresse ? » Il a aussi a des difficultés à trouver le sommeil car chaque soir il angoisse « comme si la nuit cachait pour moi une menace terrible ». Il consulte donc un médecin qui lui prescrit du bromure de potassium. Finalement, étant plus détendu, il parvient à trouver le sommeil et à rêver sciemment chaque fois. Ses songes sont de type cauchemardesques qui le rendent fou, à tel point que, à la fin de la nouvelle, nous ne savons pas s’il ne fait que rêver, s’il vit ses rêves, s’il rêve sa vie, ou bien si la maladie le fait halluciner, s’il est schizophrène.

Voici la transcription de l’un de ses premiers rêves : « je dors – longtemps – deux ou trois heures – puis un rêve – non – un cauchemar m’étreint. Je sens bien que je suis couché et que je dors … je le sens et je le sais … et je sens aussi que quelqu’un s’approche de moi, me regarde, me palpe monte sur mon lit, s’agenouille sur ma poitrine, me prend le cou entre ses mains et serre... serre... de toute sa force pour m’étrangler. (…) Et soudain, je m’éveille, affolé, couvert de sueur. J’allume une bougie. Je suis seul. » Nous voyons ainsi que ce rêve peut être commun à tous, et qu’il ne semble pas nécessaire de s’inquiéter, il s’agit simplement d’un rêve, du fruit de l’imagination. En revanche, plus loin dans la nouvelle, ses songes sont tout autres : « Je m’assoupis en rêvant ainsi au vent frais du soir. Or, ayant dormi environ quarante minutes, je rouvris les yeux sans faire un mouvement, réveillé par je ne sais quelle émotion confuse et bizarre. Je ne vis rien d’abord, puis, tout à coup, il me sembla qu’une page du livre resté ouvert sur ma table venait de tourner tout seule. Aucun souffle d’air n’était entré par ma fenêtre. Je fus surpris et j’attendis. Au bout de quatre minutes environ, je vis, je vis, oui, je vis de mes yeux une autre page se soulever et se rabattre sur la précédente, comme si un doigt l’eut feuilletée. Mon fauteuil était vide, semblait vide ; mais je compris qu’il était là, lui, assis à ma place, et qu’il lisait. D’un bond furieux, d’un bond de bête révoltée, qui va éventrer son dompteur, je traversai ma chambre pour le saisir, pour l’étreindre, pour le tuer !... Mais mon siège, avant que je l’eusse atteint, se renversa comme si on eût fui devant moi... ma table oscilla, ma lampe tomba et s’éteignit, et ma fenêtre se ferma comme si un malfaiteur surpris se fût élancé dans la nuit, en prenant à pleines mains les battants. » Nous ne savons donc pas si le personnage ne fait que rêver, s’il hallucine, ou bien si il est rationnel. Louis Pauwels, dans Le matin des magiciens, dit du rêve et de la raison la chose suivante : « c’est qu’en réalité la Raison cartésienne ne recouvre pas le tout de l’homme, le tout de sa connaissance. Ils l’avaient mise en sommeil. Or, le sommeil de la raison engendre les monstres. Ce qui se passait en face, c’est que la raison, non point endormie, mais au contraire poussée à ses extrémités, rejoignait par un chemin plus haut les mystères de l’esprit, des secrets de l’énergie, des harmonies universelles. À force de rationalité exigeante, dans le fantastique apparaît les monstres engendrés par le sommeil de la raison, ils n’en sont que la noire caricature. »

Ainsi, la limite est infime entre réalité et songe, ainsi qu’entre rationalité et
spiritualité. La spiritualité du rêve ne concerne pas uniquement les artistes, mais aussi la religion. Nous parlerons donc du mouvement religieux Eckankar (mouvement religieux américain, depuis 1965, de la Lumière et du Son de Dieu. Regroupe les pratiques et croyances de l’hindouisme, du sikhisme ainsi que du soufisme), avec le point de vue du chef spirituel actuel Harold Klemp : « Les rêves sont un point de départ pour un grand nombre de personnes qui désirent commencer le voyage spirituel de retour à Dieu et le faire de la façon la plus simple possible. Les rêves m’ont appris à me regarder en face, m’ont permis de voir le futur et m’ont conduit jusqu’au paradis de Dieu. (…) Les rêves servent de ligne de communication entre les mondes invisibles et les mondes visibles. Ou, si vous préférez, entre le ciel et la terre... Un rêve, c’est une expérience de vie réelle qu’une personne a sur un autre plan de Dieu... De par notre véritable nature, qui est celle de l’Âme, nous pouvons avoir un éventail d’expériences de vie d’une grande portée. » Cette citation est tirée de son oeuvre Une sagesse ancienne pour aujourd’hui.

Ainsi, il est persuadé que les rêves ne sont pas anodins, et bel et bien réels ; qu’ils nous permettent la communication avec un monde parallèle, un monde divin. Afin d’illustrer ses propos il prend l’exemple suivant : « Un médecin européen et membre d’Eckankar a souvent visité, en rêve, un temple où l’on obtient des guérisons. Un jour, alors qu’il bavardait avec un membre d’Eckankar, un artiste, le médecin se mit à contempler ses peintures. Il y reconnut une scène. C’était un jardin en terrasse de ce même temple qu’il visitait en rêve. Ces Temples de Sagesse d’Or se trouvent sur les nombreux niveaux d’existence. Les membres d’Eckankar s’y rendent souvent pour étudier, y trouver l’inspiration et obtenir des guérisons spirituelles. » Ainsi, cela représente la place de la réalité dans les songes. Finalement, d’après Klemp, le but des rêves consiste à nous rapprocher de la lumière et du son de Dieu, soit le même objectif que celui de l’existence, « le mahanta (ou maître des rêves) peut communiquer avec l’étudiant novice, encore incapable d’ouvrir son esprit conscient au Maître intérieur. » Le rêve est considéré ici comme l’une des étapes à traverser pour atteindre un développement spirituel total.

De plus, dans la plupart des traditions religieuses, Dieu nous parle dans nos rêves spirituels, il nous envoie des signaux par le biais de notre âme afin de nous sensibiliser à des choses dont nous n’avons pas forcément conscience, ainsi aucun de nos songes n’est anodin. Ce qui signifie que nous devons être extrêmement attentif à l’interprétation de ceux-ci ; tout en sachant qu’un rêve de type spirituel est composé de symboles personnellement significatifs, il est ainsi complexe de demander à une personne extérieure d’interpréter à notre place. Ainsi, le langage permet le rêve ; que ce soit par rapport à la réalité du rêveur ou bien en fonction de ses croyances.

Nous ne pouvons nous limiter à la spiritualité du rêve dans la littérature ou la religion ;
nous nous devons donc de parler aussi de deux autres types de songes spirituels dans l’article suivant que nous pouvons considérer comme une ouverture de sujet, bien que ce soit toujours le langage qui les permette : les rêves lucides ainsi que le chamanisme.

EN CONCLUSION :

Le réel a une influence directe sur les scènes oniriques qui animent nos nuits, et tout élément de la réalité peut être repris dans un songe pour exprimer une autre réalité, celle de notre inconscient.




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