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Chapitre 1 Rêve de Nathalie


« Dans mon rêve, mon ex-copain, avec qui je ne suis plus depuis six mois, est mort. Je l’apprends sans trop savoir comment et je me rends chez lui pour voir ce qui se passe. Son père est là, il m’explique qu’il s’est étouffé en mangeant. Je monte dans sa chambre, paniquée et en pleurs. Il n’est plus là, ce n’est pas possible qu’il soit mort. Je revois des photos, des objets souvenirs et je demande si c’est lui qui avait mis ça ici, on me répond que non. Je suis avec ma sœur à qui je dis clairement que je refuse d’y croire, qu’il n’est pas mort tant qu’on n’a pas vu le corps, tant qu’il n’a pas été enterré. C’est trop douloureux de concevoir qu’il n’est plus de ce monde. J’ai envie d’appeler sur son portable mais c’est trop tard, ça sonnera dans le vide, je suis terriblement triste et déboussolée. »

Quel sens donner à ce rêve ? Déboussolée se dit la rêveuse, c’est donc qu’elle recherche sa direction, autrement dit un sens. Or comment guider une personne sans posséder quelques éléments sur sa cartographie intérieure ? Comment interpréter un rêve sans rien savoir de son auteur ? La question conduit inévitablement à la notion de contexte du rêve : quels éléments de la vie du rêveur peuvent être rattachés à sa production inconsciente ? L’association libre constitue un moyen privilégié pour retracer les chaînes symboliques du rêve. Par exemple, « étouffé en mangeant » rappelle à la rêveuse que son ex était insatiable, sur le plan sexuel notamment, jamais satisfait, qu’il en demandait toujours plus, qu’elle ne pouvait répondre à ses désirs. L’analyste entend l’oralité débordante, la laisse entendre à l’analysant.

Sans ces associations libres de l’auteur du rêve, que reste-t-il de ce dernier ? Les associations libres de son lecteur, ses propres interrogations, ses hypothèses, à partir des éléments partagés : l’ex-copain, son père, le corps manquant, les photos des objets souvenirs, la sœur de la rêveuse, le refus de croire en la mort en l’absence de corps, la douleur, le désir d’un appel, l’anticipation du vide, la tristesse, l’absence de repère. Six mois après une rupture, rejouer en rêve la mort symbolique de cette relation pour en faire le deuil semblerait bien naturel. Cependant, les éléments du scénario pourraient aussi être ré-associés différemment, et dire alors bien d’autres images du passé.

La mort de cet ex conduit notamment la rêveuse à ces « objets souvenirs » qui apparaissent d’une manière bien mystérieuse. Derrière cette rupture récente, quels souvenirs intérieurs ont été déplacés pour ressurgir soudain, sans que personne les ait mis là, au milieu de son rêve ? Quelle séparation se répète en imagination ? L’angoisse d’abandon s’ouvre comme un gouffre dans le psychisme de tout enfant qui se constitue lentement, dans la relation à sa mère, par le lien qui les unit, puis les éloigne doucement, sans à-coup idéalement. Elle est ce vide qui attire le corps du funambule, il lui résiste, l’oublie, sa perche tendue horizontalement pour compenser les vibrations inévitables, de haut cela forme une croix sur le néant traversé pas à pas.

Car un père est présent dans ce rêve, la sœur également, mais la mère, pourquoi son absence ? Et puis il y a cet appel qui ne peut aboutir. Ce téléphone portable, toute la technologie maintenant inutile, comme un cri devenu impossible. L’appel de ce corps aussi, qui a besoin d’être vu pour combler le vide imaginé. Quelle disparition, quelle mort dans le passé se trouve convoquée dans ce rêve pour que des images puissent lui donner une quelconque réalité ? Ou bien quelle vision historique de la mort se joue du présent de cette rupture amoureuse pour se déployer dans la psyché, cherchant l’espace nécessaire pour se représenter entièrement, s’accrocher d’une quelconque façon au fil de la conscience ?

Notons que l’on délaisse pour l’instant sur le bord du rêve la panique, la douleur, la tristesse... toutes les émotions qui nous encombrent et que l’on abandonne au corps, poubelle de nos cauchemars. Mais on y reviendra, plus tard, lorsqu’elles pourront s’intégrer aux axes de compréhension que l’on va maintenant tenter de tracer. Ces émotions tiennent finalement un peu la place de ces « objets souvenirs » dans le rêve, comme des témoignages d’un passé autrement disparu, éparpillé là par on ne sait qui, précédant la rêveuse partout où elle va, jusque dans l’intimité de ses songes.

EN CONCLUSION :

A la source des rêves, chapitre 1 : un exemple de rêve à analyser.




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