Introduction A la source des rêves
L’enfer c’est les autres (1).
Si l’on répétait chaque jour les horreurs rêvées la nuit, toutes les heures de l’humanité y passeraient, sans plus aucune place pour le sommeil. En fait, pour que tout cela puisse se poursuivre, il faut taire ses rêves, les oublier absolument. Au réveil, qu’il n’en reste rien. Le soleil est là, ou la pluie, du brouillard qu’importe, un jour nouveau offert à l’oubli, l’avenir comme on dit.
Mais parfois les émotions s’en mêlent, le cauchemar reste là, devant les yeux, masquant le temps qu’il fait, on ne sent plus rien d’autre. Et dans ces rêves apparaissent des revenants qui hurlent leur absence ou nous font les yeux doux, d’anciens amours qui reviennent nous quitter encore, des inconnus un couteau à la main... « Je vais d’abord vous couper la tête. Ensuite, vous trouverez la vérité », disait le fou qui avait lu Lao-Tzeu dans Tintin (2). Quelle est cette folie qui nous hante la nuit ?
Je est un autre (3).
Cet enfer, dans lequel nous poussent ces autres vus en rêve, est au cœur de notre être. Dans ce Je véritable mystère est un Autre ancré là depuis le premier jour. Un jumeau jamais né et pourtant présent à chaque instant. Un autre qui ne vit qu’à travers nos gestes, nos paroles et nos rêves. Un monstre parfois. Avec lequel il faudra vivre. Mais nous n’en sommes pas encore là. Commençons par l’identifier. En mesurer toute la complexité. Commençons par un rêve. Écoutons ce qu’il cherche à nous dire.
1. J-P. Sartre, Huis clos, Gallimard, Paris, 1964.
2. G. Reli dit Hergé, Le lotus bleu, 1936.
3. A. Rimbaud, Lettre à Georges Izambard, 1871.
Introduction du livre A la source des rêves.
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