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La castration et la mort


Dans la thoérie freudienne, la castration engage la petite fille dans l’Oedipe ou permet au petit garçon de sortir de ce complexe, de cette expérience symbolique qu’est l’Oedipe.

Mais au même âge, l’enfant, indépendamment de son sexe cette fois, découvre la différence des générations et la mort.

Pourquoi considérer alors que c’est la castration et l’Oedipe qui permettent d’organiser le psychisme de l’enfant, et non cette confrontation avec la notion de finitude ?

La différence de castration chez le garçon et la fille

Pour que la théorie freudienne de la castration aboutisse à l’angoisse de castration chez le petit garçon et au sentiment de castration chez la petite fille, pour que cette nuance s’installe dans les mots qui tentent de dire le développement psychologique universel de l’Homme, il faut que la petite fille entre dans la phase oedipienne après le petit garçon, ou plus précisément que la castration engage la petite fille vers l’ambivalence envers sa mère alors que la castration dégage le petit garçon de ses sentiments ambivalents envers sa mère.

Et pourtant, on constate généralement la précocité de la petite fille sur le petit garçon.

Mais là, sur ce point précis, rien n’y fait : il faut qu’un ordre soit respecté, la logique analytique en dépend.

Sur ce point, Christiane Olivier a déjà bien eu l’occasion de se moquer, et après elle de bien nombreuses femmes qui, après-coup, devant l’ahurissante obsession des hommes pour les seins des femmes, ont eu tout loisir de mesurer l’absurdité de l’envie de pénis de la petite fille (dans la théorie freudienne) face à la réalité de l’envie de sein du petit garçon (envie qui ne diminue pas avec l’âge, au contraire, l’amour poussant à toutes les régressions).

Alors faut-il renier la symbolique de la castration ? Ce serait difficile sur ce site qui présente de très nombreux rêves où les symboles de castration sont ceux qui organisent l’imaginaire le temps d’un rêve.

En revanche, comment ignorer tous les rêves qui traitent de l’angoisse de mort ? Comment dissocier la castration de celle qui s’affiche à l’horizon de toute vie, et que personne n’ignore ? Pourquoi faire semblant, dans la théorie analytique, que la mort n’existe pas pour l’enfant, qu’elle n’organise pas une part importante de sa structure psychique ?

La découverte de la mort

L’enfant ne découvre pas la mort frontalement, applicable à lui-même. Il la déduit de la succession des générations. D’un côté il est le petit enfant, au sein d’une fratrie ou non, le petit dans tous les cas. De l’autre côté il y a les grands, ses parents, ses grands parents, et les générations d’avant. C’est l’âge où l’enfant tente de discerner des époques. Dans ses lectures, les chevaliers et les princesses signent le temps d’avant, les dinosaures et les monstres les bêtes disparues de la réalité terrestre. L’accès à la symbolique passe également par cette disparition de la réalité engloutie par le temps.

Le Nom du Père, chez Lacan, c’est le père malgré son absence, le père dans le regard de la mère. Comment ne pas penser, sur le même modèle, la loi de la succession des générations accessible à l’enfant via les comportements inconscients des parents. Pour eux, la disparition de l’enfant, sa mort, son anéantissement même, sont des fantasmes parfois accessibles, toujours présents. Pourquoi l’enfant ne pourrait-il pas accéder à symboliser sa propre mort comme il peut accéder à la loi du Père ?

L’Oedipe est la découverte de la différence des sexes et de la succession des générations. Cette double connaissance découle directement de la théorie freudienne, il ne faut pas l’oublier. Sur cette base, il est donc parfaitement imaginable de considérer que la différence des générations, autant que le résultat d’un processus psychique, soit, comme la castration chez la petite fille, ce qui permet d’engager ce processus.

L’accès à la notion de succession des générations, par l’expérience consciente et la transmission inconsciente, engagerait alors l’enfant dans un processus de modification psychique auquel participerait la castration. La mort, en devenant structurante du développement humain, expliquerait ses apparitions répétées dans les rêves.

La perspective de la mort

Une autre façon de voir les choses, évidemment, c’est de considérer la mort comme la dernière castration, et donc de l’anticiper sur le modèle des précédentes (la naissance, la perte du sein, la castration oedipienne, l’épreuve du miroir pour F. Dolto...).

Dans ce cadre, la mort apparaitrait dans les rêves, non plus comme une répétition de ce qui a structuré le développement du sujet, mais comme une perspective à laquelle celui-ci doit se préparer.

On retrouve la fonction d’anticipation des rêves, fonction qui permet d’imaginer la réalité potentielle durant la nuit pour permettre au corps de se préparer à intervenir, à faire face, à répondre au danger s’il se présentait.

La mort et la castration

Deux possibilités proposées donc :
 la mort comme participante d’un scénario prévisible, à travailler psychiquement dans les rêves,
 la mort comme participante de la structure Humaine, revenant dans les rêves pour réactiver le travail psychique qui n’a pas été finalisé alors.

Dans cette seconde hypothèse, on retrouve un peu la théorie freudienne, puisque l’Oedipe est un complexe, pas une question à laquelle on peut apporter une réponse définitive à un âge donné d’ailleurs, c’est un noyau structurant qui agit dans le présent, en constante réactivation donc. De la même façon, peut-on régler la question de la mort une fois pour toute ?

L’élément de réponse que peuvent apporter les rêves, c’est l’association de la mort dans les scénarios oniriques avec les symboles de castration, comme si les deux sujets étaient liés, historiquement liés.

Or il est vrai que, pour un enfant, ce qui l’angoisse véritablement, ce que l’on peut comprendre de ses cauchemars, c’est qu’ils sont davantage motivés par la peur du vide, de l’absence, que par l’attirance insupportable pour son parent de sexe opposé. Une question d’enfant par exemple, à l’âge de la fin de la période oedipienne (pouvant donc commencer à exprimer ce qui l’angoissait auparavant) : si je me réveille et que mes parents sont morts, qu’est-ce que je dois faire ?

Le problème du manque et de l’absence se joue donc symboliquement dans la constation de la différence des sexes certainement, mais inévitablement aussi dans le rapport aux autres, aux plus âgés, à ceux susceptibles de disparaître comme ont disparu déjà bien des Hommes sur cette Terre, comment le cacher aux enfants ? Et comment comprendre sans cela les rêves qui disent l’angoisse de la mort imminente (attaque, attentat, poursuite...) avec toute une symbolique que l’on associe généralement à la castration ?

L’Homme est confronté à sa propre finitude, dans son histoire et dans son avenir. Les rêves travaillent le passé et le futur. Cette thématique récurrente n’est donc pas étonnante. En revanche, c’est notre acharnement conscient à vouloir refuser cette réalité simple qui est surprenant, et nous éloigne de notre condition humaine.

EN CONCLUSION :

La notion de castration est indissociable de la réalité de la mort. Or la théorie freudienne ne relie pas vraiment cette étape symbolique du développement avec cette échéance invéitable dans la vie humaine.




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