Le langage onirique
Quels éléments caractérisent le langage onirique, pourquoi celui-ci est-il si différent du langage que nous utilisons durant notre vie consciente ?
Pourquoi le langage des rêves n’est-il pas le langage de la conscience ?
Pourquoi le langage des rêves est-il aussi compliqué ? Pourquoi, au lieu de mettre en scène une araignée noire et inquiétante, notre inconscient ne nous dit pas simplement : Il faudrait savoir se détacher de telle ou telle personne et ne pas rester enfermé dans telle relation ? Pourquoi nous faire passer des nuits à chercher nos bagages pour finalement rater un train, plutôt que de nous souffler : Il faut réagir maintenant et ne pas rater le train de la vie ?
Quelles sont tous ces mystères qui compliquent l’interprétation des rêves ? Des morts qui nous parlent, une sœur qui n’a jamais existé, des monstres qui nous sourient, et même le Général de Gaulle qui nous parle !
Et quels sens donner à toutes ces cascades et ces trucages : voler en écartant les bras, sauter dans le vide et revenir sans heurt sur le sol, se faire dévorer les membres par un crocodile, jusqu’à Tarzan qui nous entraîne dans ses lianes !
Peut-être parce que le langage de l’inconscient existait avant le langage de la conscience. Peut-être parce que les archétypes des grands rêves dépassent nos mots de tous les jours. Peut-être parce que la richesse des symboles maîtrisés par notre inconscient permettent de toucher la conscience sans l’intermédiaire des mots justement, car si l’inconscient utilisait le langage de la conscience pour lui révéler ce qu’elle se cache, alors le refoulement se poursuivrait dans les rêves.
Scientifiquement, il est démontré que durant le sommeil paradoxal et les rêves, l’hémisphère droit du cerveau connaît une activité intense. Par ce moyen, durant la nuit, cette hémisphère compense la sur-activité durant la vie diurne de l’hémisphère gauche, celui de la logique, du langage... Ainsi, le rêve est une construction de cet hémisphère droit, celui des sensations, des visages, des impressions... et qui n’a pas recours au langage des mots qui nous semble si simple, mais qui, finalement, n’est qu’une invention humaine relativement récente à l’échelle des Hommes.
Finalement, le mystère, c’est plutôt notre oubli du sens des symboles repris dans les rêves, notre éloignement de la nature profonde de l’Homme. Finalement, le mystère réside davantage dans nos difficultés à connaître profondément notre être intérieur (accéder à notre moi) et notre capacité à refouler notre inconscient, la force parfois de notre éducation et plus largement de notre surmoi par rapport à celle de notre nature fondamentale.
Archétypes et symboles
La vie des hommes obéit à des règles qui ont toujours existé : la mère qui donne vie, le père qui représente l’autorité et l’ouverture au monde, les ages de la vie (jeune, adulte, vieillesse), la maison, la mer, les chemins, la guerre... Les grands rêves, qui traduisent des étapes de l’existence, puisent dans ces symboles millénaires, les archétypes.
Le rêve fait appel à des symboles. Ce sont ces symboles qui sont déchiffrés dans notre dictionnaire des rêves. Le sens de ces symboles est partagé par tous, mais un même symbole peut être utilisé pour signifier bien des réalités, comme tente de le préciser systématiquement notre dictionnaire des rêves. On comprendra par exemple aisément que la croix aura un sens différent pour un croyant, pour un agnostique et pour un athée, et que son sens diffèrera suivant l’éducation religieuse du rêveur. La croix est par ailleurs à l’origine un instrument de torture. La croix peut également apparaître sous la forme d’un croisement, la symbolique des directions prévaut peut-être. Au final, l’interprétation de tout symbole est à considérer en fonction de l’univers symbolique du rêveur et du contexte de son apparition dans le rêve.
Événements et émotions
Dans un rêve, on peut retrouver des événements de la journée passée du rêveur, qui remet en scène des moments de sa vie pour les reformuler, en comprendre la portée exacte. Les événements de la nuit peuvent également apparaître dans le rêve (un courant d’air et on se verra nue dans la neige), où ceux qui accompagnent le réveil (rêve de retard à un examen, de train en retard, d’affaires éparpillées et impossibles à rassembler... parfois simplement pour rester encore un peu dans le monde des rêves et reporter le moment de se lever).
D’une façon générale, le metteur en scène des rêves pioche dans l’histoire et les émotions du rêveur pour choisir des éléments de son passé, proche ou lointain, connus de la conscience ou enfouis profondément, pour construire son scénario. Cela explique pourquoi il n’est pas possible de plaquer la définition unique d’un symbole sur un rêve donné. En effet, chacun associe à ce symbole une histoire et des émotions particulières qui viennent modifier la compréhension de ce symbole et l’interprétation du rêve (sauf pour les grands rêves éventuellement, qui se réfèrent principalement à des archétypes).
L’amplification
L’inconscient aime à exagérer les dimensions, les rapports, les péripéties... Il n’est pas le seul d’ailleurs, les livres pour enfant exploitent parfois pleinement ce goût pour l’exagération (la baleine porte sur son dos un bateau, les géants regardent au-dessus des nuages, les dinosaures ont tout pour fasciner...), quant aux adultes ils ont eux aussi bien des occasions d’assouvir leur goût pour l’amplification.
Dans le rêve, tuer permet parfois simplement de réduire l’importance de quelqu’un qui nous est proche. On peut aussi se souvenir d’une patiente de Freud qui rêvait régulièrement de la mort d’un proche, juste pour le plaisir de voir un ami de la famille qui assistait aux funérailles.
Être emprisonné pour des années peut simplement témoigner d’une trop grande solitude actuelle. D’une façon générale, il ne faut pas s’inquiéter de ces images impressionnantes et savoir les rapetisser pour mieux en comprendre le sens.
L’association de mots
Le metteur en scène des rêves s’amuse souvent et les jeux de mots sont fréquents. En réalité, plus que des jeux de mots, il s’agit pour l’inconscient de projeter une image qui prend au mot une expression. Par exemple, en jouant avec le symbole du pied, un homme qui, devant une difficulté attrape ses pieds des deux mains, s’est simplement "pris les pieds" et, si on les lui coupe, il peut alors avoir "perdu pied".
Pourquoi l’inconscient n’utilise-t-il pas des mots ou des images toutes simples pour transmettre des informations à la conscience ? Ce serait plus simple ; mais moins efficaces. Le langage des rêves est constitué d’archétypes et de symboles qui permettent de dire bien plus que de simples mots.
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