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Le complexe d’Œdipe


Si l’histoire d’Oedipe est avant tout un mythe, son utilisation par Freud pour illustrer le complexe rencontré par tout Homme à l’age de 5 ou 6 ans lui donne une signification nouvelle.

La légende d’Œdipe

Il est prédit à Laïos, roi de Thèbes, que son fils le tuerait et qu’il épouserait sa mère Jocaste. Pour éviter que cette prédiction devienne réalité, Laïos livre son fils aux bêtes sauvages en l’abandonnant dans la nature, les pieds cloués.

Mais un berger trouve l’enfant, le recueille, et Œdipe est élevé dans le royaume voisin de Corinthe, par le roi Polybe et la reine Mérope qui ont adopté l’enfant. Un nouvel oracle bouleverse quelques années plus tard la vie d’Œdipe qui devine qu’il a été adopté et cherche la vérité : "Tu tueras ton père et tu épouseras ta mère". Comprenant que ce sont ces parents adoptifs qui sont concernés par cette prédiction, Œdipe quitte le royaume de Corinthe.

Durant son exil, Œdipe est confronté à un homme qu’il tue presque accidentellement, le faisant tomber de son chariot alors que ce dernier, accompagné de ses serviteurs, exigeaient qu’Œdipe se retire pour leur laisser place sur un chemin étroit. Cet homme était Laïos, son père.

Puis Œdipe parvient à libérer Thèbes du Sphinx, monstre qui dévore jour après jour les habitants de la ville en attendant que quelqu’un trouve la solution à son intrigue : Quel animal vit à quatre pattes le matin, à deux pattes l’après-midi et à trois pattes le soir ? L’Homme répond Œdipe, l’Homme qui constitue bien le sujet de cette légende. Pour remercier le sauveur de la ville, Jocaste, reine de Thèbes, épouse Œdipe, son fils, qui devient roi de Thèbes.

Plusieurs années plus tard, la peste s’abat sur le royaume. Un nouveau devin est consulté par Œdipe qui cherche à faire cesser l’épidémie. Sa vie réelle lui est dévoilée : l’abandon par ses parents qui souhaitaient sa mort, le meurtre de son père et son mariage avec sa mère, son avenir d’errance aveugle. Œdipe se crève les yeux, se pliant à l’insoutenable vérité.

L’Œdipe selon Freud

Freud a constaté chez ses patients névrosés des pulsions opposés pour le père et la mère. Il aboutit à la conclusion que le petit garçon désire sa mère sexuellement, que son père devient alors un obstacle à cette relation désirée, d’où le désir de tuer son père. Sur le même principe, la petite fille désire son père et le désir de se débarrasser de sa mère fait naître une pulsion de meurtre envers cette dernière.

Or ces deux pulsions opposées et inavouables sont réprimées par la conscience. Il en ressort un réseau complexe de pulsions-refoulements qui s’équilibre dans le meilleur des cas et entraîne des névroses dans les autres cas.

Freud relie ses observations à la légende d’Œdipe qui illustre parfaitement selon lui les relations entre l’enfant et ses parents.

Il faut souligner que cette relation triangulaire mise en évidence par Freud découle du développement psychique de l’enfant. Dans un premier temps, le nourrisson ne fait pas de distinction entre son corps et le monde extérieur. Ses parents ne sont qu’un prolongement de sa propre personne.
Puis une relation duelle se met en place, le nourrisson concevant alors que sa mère et son père sont deux êtres distincts qui gravitent autour de lui. L’existence de chacun est limitée aux échanges qui existent avec lui et ne dépasse pas ces moments partagés, il est le vecteur de ces deux relations.
Or cette relation va devenir triangulaire lorsque l’enfant comprend qu’il existe également une relation entre son père et sa mère. Or la compréhension de cette troisième relation est douloureuse pour l’enfant car ce dernier n’existe plus dans le cadre de cette relation amoureuse. Il en est exclu, et d’ailleurs ses parents agissent régulièrement pour conserver malgré lui l’intimité de leur relation privilégiée. Il est facile de penser que l’Œdipe prend sa source dans la construction de cette relation triangulaire. En conséquence, s’il est généralement admis que l’Œdipe se déroule entre l’âge de deux et cinq ans, il est probable que ce processus apparaît bien avant, dès l’âge de six mois.

Pour Freud, l’Œdipe est un passage obligatoire et le mécanisme central de la construction du psychisme de tout individu. Il donne un caractère universel au complexe d’Œdipe et sa place centrale expliquera l’origine de la plupart des névroses et des rêves des Hommes.

Œdipe et projection

Le prénom d’Œdipe, donné par ses parents adoptifs à l’enfant abandonné (avec pour seul but qu’il meurt) par son père Laïos et sa mère Jocaste, signifie "Pieds enflés", marque du châtiment qui lui a été infligé dans sa plus tendre enfance. Il est étonnant de constater que l’origine même du nom d’Œdipe n’est pas été exploitée pour restituer toute la symbolique de cette légende. Si Œdipe a effectivement fini par tuer son père, c’est d’un geste malencontreux et en ignorant l’identité du vieil homme qui a provoqué la dispute par une attitude hautaine et menaçante (car sa garde l’accompagnait). A l’inverse, bien des années auparavant, c’est Laïos qui a tenté de tuer son enfant en ne lui laissant aucune chance de survie. Ses pieds cloués le condamnaient.

Ensuite, ce n’est pas Œdipe qui a épousé sa mère mais Jocaste qui s’est offerte à celui qui avait délivré son royaume du sphinx. Il faut imaginer chez elle une décision politique. Comment conserver son rôle alors que le roi Laïos vient de mourir à l’étranger ? Comment conserver le trône ? En imposant au peuple de Thèbes celui qui les libèrera et en épousant ce nouveau roi. Sans ce stratagème de Jocaste, Œdipe aurait pu aimer une autre femme. Sans oublier que c’est cette reine qui, initialement, a accepté la mort de son fils pour se protéger de l’oracle.

Au final, le mythe d’Œdipe, bien plus que la relation triangulaire entre l’enfant et ses parents, soulignerait davantage la puissance des agissements des parents vis à vis de leur enfant sur son développement psychique (le meurtre décidé par Laïos, l’abandon accepté par Jocaste, l’adoption toujours dissimulée par Polybe et Mérope). Ainsi, la vie d’Œdipe est dirigée par les décisions cruelles de ses parents, elle est leur reflet. Son nom lui-même lui a été donné comme le constat du crime originel de son père. Il a quitté le royaume de Corinthe parce qu’il ne comprenait pas son adoption. Sa violence à l’égard des gardes de son père croisés en chemin est le reflet de son état psychique, conséquence de cette éducation marquée par le meurtre et la violence du silence. Face au sphinx, sa connaissance de l’Homme lui apporte la réponse attendu. Ensuite, le mariage avec sa mère est le résultat, d’une part de sa promesse d’épouser celui qui lui permettra de conserver sa place de reine de Thèbes, et d’autre part de son abandon originel. Et devant les crimes de ses parents, c’est Œdipe qui se crèvera les yeux, alors qu’il n’est finalement que la victime de ces crimes.

En conclusion, une première critique de l’Œdipe tel qu’il a été défini par Freud est le phénomène de projection qui a totalement été exclu de son analyse. Le complexe d’Œdipe est peut-être le moment de la naissance de pulsions chez l’enfant vis à vis de ses parents mais il est surtout la matérialisation des pulsions projetées par les parents sur leur enfant. Ainsi, la mère peut aimer d’un amour particulier son fils ou le détester, de la même façon un père sa fille, expliquant tout aussi bien les manifestations du complexe d’Œdipe dans les rêves de cet enfant bien des années plus tard et l’origine de ses névroses éventuelles.

Un autre article de ce site est consacré à l’explication du conflit œdipien dans les rêves.

EN CONCLUSION :

La légende d’Œdipe correspond aux observations de Freud. Ainsi, le complexe d’Œdipe devient la base de la théorie freudienne du développement des psychoses et de l’explication de nombreux rêves. Si les relations entre parents et enfants transparaissent effectivement dans le rêve, que le complexe d’Œdipe reste reconnu comme une étape essentielle de la vie, une première critique de la place centrale que Freud lui a attribué provient du phénomène de projection qui trouve également sa place dans cette relation triangulaire entre parents et enfants.




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