Loup
La signification du loup dans un rêve est la même que celle du loup dans un conte, celui du petit chaperon rouge par exemple.
Le loup œdipien
Première signification possible du loup dans le rêve, celle avancée par Bruno Bettelheim dans son livre Psychanalyse des contes de fées dans ses commentaires sur le conte devenu célèbre du petit chaperon rouge. Cette interprétation peut être dite freudienne, comme son auteur.
Le petit chaperon rouge est la petite fille dont la sexualité naissante dépasse sa maturité affective. Elle est tentée en permanence sur le chemin de la maison de sa grand-mère de ne pas suivre exactement ce chemin, comme le lui a demandé sa mère. Elle est tentée par le loup. Le loup est l’image du père séducteur, et la tentation du petit chaperon rouge devant ce père et malgré sa mère la conduit à être dévorée.
A noter que le loup ne dévore pas le petit chaperon rouge dès leur rencontre, mais plus tard, dans la maison de la grand-mère, notamment pour donner au lecteur à voir l’image de l’enfant allongée dans le lit à côté du loup. Et comme vous avez de grandes dents...
Cette difficulté pour la petite fille à régler ses conflits œdipiens, à renoncer à l’amour du père, à suivre des principes de réalité plutôt que de plaisir, est une étape essentielle dans la vie d’une femme, celle qui lui permettra de développer sa capacité d’amour et une sexualité heureuse. Aussi, il ne faut pas s’étonner que le rêve revienne sur cette phase du développement psychique, notamment grâce à l’image du loup.
La peur du loup suggère dans cette lignée la peur du masculin, pour des raisons qui relèvent là aussi du développement œdipien du sujet. Mais cette peur peut également être liée à des faits réels qui expliquent cette peur de la sexualité et d’être ainsi dévoré par le loup.
Le loup du stade oral
Seconde signification, second ouvrage à conseiller : L’interprétation des contes de fées, de Marie-Louise Von Franz, peut-être moins connu que le précédent cité mais tout aussi riche, et privilégiant cette fois une interprétation jungienne.
Le loup symbolise le besoin de dévorer, une régression ou une fixation au stade oral que l’on retrouve dans le comportement du rêveur, dans son rêve et dans sa vie courante d’ailleurs. Cette agressivité investie dans le besoin de dévoration conduit à des personnalités exubérantes parfois, non maîtrisables et non maîtrisées, qui se traduisent par un besoin jamais rassasié de tout prendre autour d’eux : dévorer des livres, de la culture, des médailles sportives, accumuler de l’argent, des honneurs, de l’autorité...
Or ce besoin primaire, d’une part ne peut jamais être totalement satisfait, et d’autre part met en péril la sécurité du sujet. Dans les contes, le loup est rarement gagnant. Dans le petit chaperon rouge revu par les frères Grimm, on ouvre le ventre du loup pour remplacer ce qu’il avait dévoré par des pierres. Aussi, au réveil, en tenant de s’enfuir, le loup est terrassé et meurt sur l’instant.
Aussi, le sujet retombe régulièrement dans des phases de découragement, de dépression devant son besoin impérieux de tout dévorer et l’impossibilité de son désir. Cette quête désespérée ne mène évidemment nulle part, si ce n’est à l’enfance du sujet, aux frustrations rencontrées durant son enfance, au stade oral plus précisément, possiblement au moment du sevrage, affects négatifs qui ont débordé les capacités de l’enfant et qui réapparaissent dans les rêves, par l’apparition du loup notamment.
Le loup des alchimistes
Comme le lion par exemple, le loup représentait pour les alchimistes la materia prima, l’inconscient, dont la puissance est redoutable tant que cette énergie est totalement brute, sauvage.
Le loup et le lien à la mère
Elie Humbert, jungien convaincu et convainquant, dans une conférence de juin 1983, rapporte le rêve nocturne suivant, celui d’une femme :
Je rêve que je suis dans une île. Dans cette île il y a des loups et j’ai très peur, mais les loups sont gardés. Il y a tout de même un loup qui est en liberté. Ce loup vient vers moi. J’ai très peur et je me sens perdue, mais un homme appelle le loup, c’est le maître du loup, et le loup se détourne.
Il ajoute : le loup est un animal qui exprime l’angoisse de séparation d’avec la mère et qui donne non seulement la possibilité de la rendre présente mais de s’expliquer avec elle. Cette femme, qui avait un refus profond de l’homme, vit à travers une image l’angoisse de séparation. Et que vit-elle, articulé là-dessus ? Que c’est un homme qui est le maître du loup, alors qu’elle a apparemment un refus de l’homme et une angoisse devant lui et qu’elle le vit comme ce qui au contraire la coupe de tout ce qu’elle a comme demande fusionnelle d’attachement terrible, complet, total ? Et le loup vient dans l’angoisse de perdre ces attachements totaux, mais l’homme, loin d’être celui qui serait infidèle, égoïste, ne s’occupant pas des femmes, vient comme celui qui peut maîtriser cette angoisse de séparation.
Les rêves de loup montrent souvent une angoisse du rêveur face au père, ou encore à la mère, d’une façon générale une angoisse œdipienne, ou un besoin de dévoration né d’une frustration durant l’enfance.
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