Photographie

La photographie a succédé à l’art picturale pour immortaliser un portrait. Aussi, il n’est pas étonnant que le symbole de la photographie découle de celui du tableau, autre symbole présent dans notre dictionnaire, et complémentaire à celui-ci.

Une prise de vue

Prendre une photo commence par une prise de vue. Il faut choisir sa lumière, son cadre... Le rêve prépare de la même façon le moment de la photographie, et ce sont tous les éléments extérieurs, tous les personnages du scénario, toute la mise en scène onirique, qui seront soudain dévoilés, figés, leur image inversée sur la pellicule du rêve.

Un portrait ne vieillit jamais

Le portrait est figé. Il ne change jamais car il n’est plus soumis au temps. Il n’est donc pas vivant. Il symbolise ce qui est figé, hors du cycle de la vie.

Mais une photographie, plus encore qu’un tableau, se détériore avec le temps, jaunit. La photo jaunie souligne donc encore davantage cet hors du temps, car tout en insistant sur le passé, elle présente le caractère figé d’une image, d’une représentation.

Une représentation sans affect

Un évènement psychique se décompose en deux parties :
– une représentation, une image,
– l’affect correspondant, une émotion.

La photographie correspond parfaitement à la représentation.

Mais cette image n’entraîne pas de liaison avec l’affect lié, à l’origine, avec cette représentation.

Cette dissociation entre représentation et affect est souvent l’œuvre d’une résistance, d’un mouvement de protection de la psyché, qui agit par différents moyens (par refoulement ou bien de la représentation, ou bien de l’affect).

Au final, la photographie montre autant qu’elle cache. Si elle montre l’image ancienne, elle dissimule l’affect inconscient toujours bien présent, rattaché à une autre représentation, toujours actif dans l’inconscient sous une forme ou une autre, et qui cherche à se dévoiler, à se décharger, notamment dans les rêves.