Eros et Psyché

Le mythe grec de Psyché illustre parfaitement le rapport entre l’amour et sa part d’ombre.

Le mythe d’Eros et Psyché

Eros, qui personnifie l’amour divin, est tombé amoureux de Psyché, représentant l’âme humaine. Il l’a emmenée dans un palais enchanté, où il lui rend visite toutes les nuits. Pourtant, un interdit a été posé : Psyché ne doit jamais voir son visage. Alors, sur la base de cet interdit, les sœurs de Psyché lui soufflent que, s’il en est ainsi, c’est à n’en pas douter parce que Eros est un monstre.

Et ce doute s’insinue en Psyché qui, n’y tenant plus, allume une lampe à huile pour vérifier, par elle-même, la beauté de son amant. Mais, dans le moment où elle le découvre merveilleusement beau, une goutte d’huile tombe de la lampe et le réveille.

On notera ici la même thématique du regard bref et instinctif qui va déclencher le retour à l’état antérieur comme dans le mythe d’Orphée.

Aussitôt Eros et le palais s’évanouissent. Psyché, elle, tombe au pouvoir de la jalouse Aphrodite, qui l’emmène avec elle aux Enfers.

L’histoire aura un dénouement malgré tout heureux : Eros arrivera à reprendre Psyché, à qui Zeus a accepté de redonner vie, et Psyché restera désormais pour toujours unie à l’amour divin, et de cet amour naîtra une fille, appelée Volupté.

Cette présentation du mythe et l’inspiration de son interprétation proviennent de l’ouvrage La haine nécessaire de Nicole Jeammet.

Une signification du mythe

Ce que souligne ce mythe, c’est la nécessaire acceptation en l’autre d’une partie imprenable, d’une radicale altérité.

Or toute altérité, toute différence, attisent l’envie. C’est ici celle de Psyché de braver l’interdit. Cet interdit vise à obliger Psyché à accepter un certain lâcher-prise, une absence de maîtrise totale sur son amant Eros.

Psyché, qui veut tout voir et tout savoir de son amant, perd tout, et se perd avec ; ne voulant rien perdre de sa maîtrise, elle met en péril sa relation à l’autre.

En conclusion, l’amour (Eros) comme la pensée (Psyché) ne peuvent se déployer que dans le temps et l’espace de confiance qui se construisent entre deux personnes qui comptent l’une pour l’autre.

Cette conclusion est évidente dans toute relation amoureuse entre deux adultes, mais également dans la relation qui lie une mère à son enfant évidemment.

Une présence suffisamment bonne

"La présence qu’on peut donner à vivre à quelqu’un n’est bonne que si elle a pu se coupler à une absence de soi-même à l’autre, qui signale la différence, l’altérité, l’intimité solitaire et indispensable à chacun ; sinon, la présence n’est pour soi et pour l’autre qu’envahissement et empiètement réciproques des territoires ; de la même façon, l’absence, c’est évident, doit s’allier à une présence, sinon elle n’est que vide ou perte."

Faut-il tout savoir de celui qu’on aime ? La réponse est non, si l’on se réfère au Mythe d’Eros et de Psyché. Non, car une relation d’amour doit se baser sur une acceptation, celle de ne pas maîtriser l’autre, de le laisser exister dans la différence.

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