Rêves et retrait des projections

Les rêves sont notamment constitués de projections. Cette notion a été définie sur ce site. Par exemple dans un rêve, on peut projeter ses sentiments sur un autre personnage du rêve, nous permettant de mettre à distance ces sentiments.

Or la projection est également un mécanisme très actif dans la vie courante.

Ainsi, l’interprétation des rêves nous permet souvent de comprendre nos projections. En cela, chercher la signification de nos rêves est essentiel.

La dévalorisation comme destin de la libido

Jung, dans l’homme à la découverte de son âme, livre qui résume la pensée de Jung à partir de conférences données par le célèbre psycho-analyste, explique notre tendance à dévaloriser autrui :

"La libido peut utiliser les projections comme des passerelles agréables et utiles, reliant l’individu et le monde (...). Mais dès que la libido choisit une autre voie, et dès qu’elle commence à se retirer des liens projectifs antérieurs, (...) un phénomène caractéristique apparaît : le sujet s’efforce de dévaloriser les objets précédemment adorés."

La libido est l’énergie vitale. Elle nous pousse vers des objets, d’autres personnes notamment. Sur ces autres personnes, on projette des éléments intérieurs de nous-même. Par exemple, l’enfant projette sur ses parents un idéal qui fait partie de son propre psychisme. Puis, à l’adolescence, un déplacement de la libido va pousser l’enfant à rencontrer d’autres personnes, d’où l’importance de l’amitié à cet âge. D’autres éléments de son psychisme vont être projetés sur tel ou tel copain, copine, chanteur...

Or ce que souligne Jung, c’est que ce phénomène de déplacement de la libido conduit à dévaloriser les précédents objets d’amour du sujet. Dans notre exemple, l’enfant va, en même temps qu’adorer de nouveaux copains, dévaloriser ses parents. Mais ce schéma peut être généralisé à bien d’autres relations.

Déclencher l’envie chez l’autre

Une autre possibilité lors d’un changement d’objet : tenter de créer l’envie chez l’autre.

Par exemple, incapable de faire face à ses propres sentiments d’envie, un sujet va chercher à en disqualifier un autre, afin de supprimer l’ombrage qu’il pouvait lui faire. Le sujet poussera l’autre à se montrer violent, mesquin, l’obligeant à un double jeu qu’il dénoncera.

Ou encore, il s’agira de faire vivre à l’autre un sentiment d’envie, le faire passer pour envieux, quand justement cette envie est vécue par le sujet comme intolérable.

On a ici un comportement souvent constaté dans le monde du travail, où un supérieur (narcissiquement faible) peut chercher à souligner les défauts d’un collaborateur, s’appuyant sur des éléments parfois vrais mais en les amplifiant, en enfermant ce collaborateur dans les comportements critiqués... dans un seul but inconscient : mettre à distance les défauts soulignés chez l’autre, qui existent chez ce supérieur mais que celui-ci ne peut supporter en lui-même, s’en défendant en les projetant sur sa victime. Au contraire, en passant pour le supérieur idéal, il tente d’attirer l’envie sur lui, de la faire naître chez les autres, car en lui cette envie est insupportable, elle le déchire, il ne peut vivre avec.

Les rêves et la reconnaissance de nos projections

Pourquoi interpréter nos rêves ? Cette question est le titre de ce dossier. L’une des réponses découle des deux destins dénoncés précédemment de nos pulsions.

Il faut savoir reconnaître en soi l’envie, la haine, et tous les sentiments (souvent inconscients) que l’on porte en soi et que l’on attribue aux autres. Ces sentiments sont négatifs lorsqu’ils sont méconnus. Une fois conscientisés, ils deviennent les moteurs de notre activité. Par exemple, la haine, lorsqu’elle est reconnue, est source d’agressivité, d’énergie, à utiliser dans son travail, mais aussi dans ses relations personnelles.

Jung l’exprime ainsi : "une séparation pleine et entière ne peut avoir lieu que si le sujet reprend possession de l’imago portée par l’objet, avec toute sa signification. Ce retour au détenteur se produit quand celui-ci prend conscience du contenu inconscient projeté, c’est à dire quand il reconnaît consciemment la "valeur symbolique" de l’objet en question."

Dans notre exemple, lorsque l’adolescent comprend consciemment que la haine (le terme est fort, il est simplement l’opposé de l’amour, et la force de nos sentiments inconscients ne sera pas déniée ici, il faut voir ensuite la projection de ces sentiments dans nos rêves et cauchemars...) portée à ses parents n’est qu’une haine inconsciente qu’il porte et qu’il projette sur eux, ses anciens objets d’amour.

Se séparer de ses projections

Il faut savoir séparer ce qui existe en nous-même de nos objets externes. Distinguer l’envie qui existe en nous de celle que l’on dit exister chez l’autre, reconnaître l’hostilité que l’on porte à celui que l’on trouve hostile.

Ce retrait des projections est l’étape essentielle d’une psychanalyse. On comprend que, dans ce cadre en particulier, l’étude des rêves nocturnes est précieuse. On comprend aussi que, bien plus largement, l’analyse des rêves est d’une richesse incroyable pour celui ou celle qui accepte d’envisager de reconnaître en lui-même ce qu’il croyait exister en l’autre.

Les rêves permettent le retrait des projections et d’identifier les sentiments inconscients projetés dans le cadre de relations familiales, amicales, de relations professionnelles...

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